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La noble rue avec le chemin qu’il prenait,
Le perron de l’hôtel et l’étroit boudoir mauve,
Où la duchesse, dans un demi-jour d’alcôve,
Fumait du tabac russe et relisait Faublas.
Il revécut les bals, les dîners, les galas,
Avec les noms fameux criés dans l’antichambre,
Puis la vie au château, les grands feux en décembre
Dans le salon orné de bergers d’éventails,
La forêt et la chasse à courre. Cent détails
Eurent en un moment le pouvoir d’apparaître,
Tout, jusqu’au fier blason qui timbrait chaque lettre,
Cyniquement écrite en mots licencieux,
Et qu’on signait pourtant du grand nom des aïeux.
Ceci dura le temps que brûle une étincelle.
Il avait devant lui la jeune fille en selle,
Les yeux baissés, groupant son bouquet comme il sied
Tandis que sa jument grattait le sol du pied.
Toutes les visions s’étaient évanouies.

Suzanne, souriant aux fleurs épanouies,
Lui dit, sans voir son front et ses yeux mécontents :

« Voyez donc, Olivier ! C’est un second printemps,