IX
Olivier, pourquoi donc es-tu triste ce soir ?
Près de la lampe, après être venu t’asseoir,
Pourquoi n’est-elle pas encore commencée,
La page où chaque nuit tu fixes ta pensée,
Comme on couche une fleur aux feuillets d’un herbier ?
Dans ce livre de loch que tu tiens, Olivier,
Comme un navigateur qui va vers les surprises,
Tu n’as, jusqu’à présent, inscrit que bonnes brises,
Mer tranquille et berceuse, astres clairs, et ciel pur.
Le voyage était doux, et tu te croyais sûr
D’avoir bien mis le cap sur la terre inconnue
D’où, comme pour fêter déjà ta bienvenue,
Les beaux oiseaux de pourpre et d’or des chauds climats
Venaient en voltigeant se poser sur les mâts.
Qu’est-ce donc qui t’attriste et qui te décourage ?
Les cris des goélands ont-ils prédit l’orage ?
Est-ce que l’horizon se couvre et s’assombrit ?
Et quel pressentiment naît donc dans ton esprit,
Que l’orage s’émeut et que le vent se lève