Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/152

Cette page n’a pas encore été corrigée

La table mise, avec des roses sur la nappe,
Près du bosquet criblé par le soleil couchant ;
Et, tout en s’envoyant des baisers en mangeant,
Tout en s’interrompant pour se dire : Je t’aime !
On assaisonnerait des fraises à la crème,
Et l’on bavarderait comme des étourdis
Jusqu’à ce que la nuit descende…

                    ― O Paradis !


7 juillet.

Faudra-t-il aujourd’hui lui dire que je l’aime ?
— Pas encore. L’aveu doit venir de lui-même,
Sans que nous y songions, et naturellement.
J’attendrai jusque-là. Jusque-là seulement.
Je veux vivre en extase auprès d’elle, et lui faire
Du feu de mes soupirs une chaude atmosphère ;
Je veux que mon regard, tendre encor plus qu’ardent,
Lui paraisse toujours doux en la regardant ;
Je veux que dans mon cher silence elle comprenne
Que je l’adore, ainsi qu’un page aime une reine,
Sans oser l’effleurer même par un désir,
Et que je mourrais bien pour lui faire plaisir ;