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Prépare l’échiquier, allume le flambeau
Dont un abat-jour vert tamise la lumière ;
Et les deux vieux, quittant leur gaîté coutumière,
Deviennent des joueurs d’échecs de pied en cap.
— Suzanne arrose alors ses bruyères du Cap,
Dans les vases de Chine, auprès de la fenêtre.
Et cette intimité, ce calme, ce bien-être,
Ce silence profond seulement traversé
Par le bruit peu fréquent d’un pion déplacé
Ou par le froissement de la robe de soie,
Me mettent dans le cœur une si douce joie,
Un si délicieux espoir d’avoir trouvé
La fiancée exquise et le bonheur rêvé,
Qu’assis dans un coin sombre et cachant mon ivresse,
Sans qu’elle en sache rien, je pleure de tendresse !


2 juillet.

Ce serait sur les bords de la Seine. Je vois
Notre chalet, voilé par un bouquet de bois.
Un hamac au jardin, un bateau sur le fleuve.
Pas d’autre compagnon qu’un chien de Terre-Neuve
Qu’elle aimerait et dont je serais bien jaloux.
Des faïences à fleurs pendraient après des clous ;