Hier Suzanne m’a dit, en sortant de la messe,
Qu’elle ne se sent pas de curiosité,
Qu’elle aime ce pays natal, jamais quitté,
Qu’elle y voudrait enfin passer toute sa vie,
Qu’elle n’a jamais eu la plus légère envie
De Paris ni d’aucun des plaisirs qu’il y a,
Et qu’elle y souffrirait comme un camélia
Transporté sous le froid soleil de la Norvège.
Je puis bien vivre ici toujours… ― A quoi rêvé-je ?
26 juin.
C’est elle ! oui, c’est elle ! Ah ! c’est bien celle-là !
Oui, ce fut hier soir, quand elle me parla ;
Soudain je fus troublé d’une émotion telle
Que tout de suite j’ai senti que c’était elle !
Et mes lèvres, mes yeux, mon cœur, tout disait : Oui !
Ah ! mon passé n’est plus et s’est évanoui
Comme au premier soleil fond la dernière neige.
Ai-je espéré, joui, souffert, aimé ? Que sais-je ?
Je n’ai ni souvenir, ni regret, ni dégoût ;
Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/148
Cette page n’a pas encore été corrigée