La voiture d’osier a trois places. Devant,
La chère blonde avec son voile brun au vent,
— Tandis que le papa maintient au trot Cocotte, ―
Se retourne, voulant mettre dans la capote
Son parasol doublé de vert et ses bouquets.
Moi, derrière, occupant le siège du laquais,
Pour l’aider je m’incline, et je la touche presque.
— Et nous suivons alors un chemin pittoresque,
Où souvent, par-dessus les grands épis penchés,
Nous regardent de loin les pointes des clochers.
Qu’est Suzanne après tout ? La première venue.
Oui, le type banal et joli, l’ingénue
Que ce bon monsieur Scribe employa si souvent.
C’est la pensionnaire au sortir du couvent,
C’est l’idéal bourgeois, la fillette étourdie
Qui sert au dénoûment de toute comédie
Et que l’on peut partout aisément retrouver.
— Soit ! mais c’est l’innocence ! Elle me fait rêver
A la candeur du lys, du cygne et de la neige.
Que n’ai-je encor seize ans ! Oh ! que n’ai-je, que n’ai-je
Des yeux purs pour la voir, un cœur pur pour l’aimer !
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