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Et parfois d’un blasphème horrible se soulage,
Fait partir au grand trot son étique attelage.
O la délicieuse ivresse du retour !
Fou de joie, Olivier saluait d’un bonjour
Tous les gens qui passaient près de la diligence
Et qui se retournaient, surpris par l’obligeance
De ce monsieur bien mis qu’ils ne connaissaient pas.
Aux fillettes qui, tout en tricotant un bas,
Sur le bord des chemins font paître une ou deux chèvres,
Olivier, en portant ses doigts joints à ses lèvres,
Envoyait un baiser qui les étonnait bien.
Ce fin poète avait le bonheur plébéien.
Parfois il arrachait, de sa main bien gantée,
Des feuilles, quand un arbre était à sa portée,
Et, trivial, frappait sur l’épaule, ma foi !
Du gros cocher riant sans trop savoir pourquoi.
Car revoir son pays, c’est revoir sa jeunesse !
Il suffit qu’on y vienne et qu’on le reconnaisse,
Et qu’il soit bien le même, et que rien n’ait changé,
Pour que l’espoir ranime un cœur découragé !