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L’espace s’emplissait d’un joyeux carillon.
L’Arc de Triomphe, au loin, doré par un rayon,
Brillait ; et dans le ciel se cabraient des statues.
Du fond de leur calèche et de printemps vêtues,
Des femmes envoyaient un salut caressant
Aux cavaliers montés sur ces chevaux pur sang
Qui blanchissent le mors et dont la croupe brille.
— Enfin Paris, devant son immense famille,
Semblait heureux comme est à sa fête un aïeul.
Olivier toujours sombre, Olivier toujours seul,
Jusqu’à la nuit erra parmi la ville en fête,
Puis il rentra chez lui, le corps las et la tête
Lourde d’impressions et comme ivre de bruit.
Là, près de la fenêtre ouverte sur la nuit
Où passaient au lointain des chants et des risées,
Repoussant de la main ces lettres méprisées
Où plus rien ne restait alors qui lui fût cher,
Devant ce ciel d’avril, si paisible que l’air
Ne courbait même pas la flamme des bougies,
Le cœur trop plein, en proie à mille nostalgies,
Et sentant un sanglot monter en l’étouffant,
Le poète fondit en pleurs comme un enfant.