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Olivier, qu’un dégoût des hommes avait pris,
Chercha la solitude au milieu de Paris…
— Mais sur les quais déserts, derrière Notre-Dame,
L’ouvrier promenait son enfant et sa femme.
Sur les trottoirs les plus paisibles du Marais,
Le petit monde, assis dehors, prenait le frais.
C’était un jour de fête et de boutiques closes.
Pleins de chapeaux de paille et de toilettes roses,
Sur la Seine fumaient les bateaux à vapeur.
Dans les squares publics, la bonne et le sapeur
Commençaient sur les bancs l’idylle habituelle.
Pas d’humble carrefour, pas de triste ruelle
Qui ne servît aux jeux d’enfants endimanchés !
Des mariés d’hier, l’un vers l’autre penchés,
Allaient, l’homme tout fier et la femme un peu pâle,
Ayant encor la fleur d’oranger et le châle
De noce, et tous les deux très gênés de leurs gants

Olivier regagna les quartiers élégants
Pour s’isoler parmi l’épaisseur de la foule…
— Mais les nobles jardins, le vieux fleuve qui coule,
Là, tout était encor plaisir, bonheur, repos.
En haut des monuments, les grands plis des drapeaux
Se gonflaient dans le vent sur l’azur clair et libre.
Lorsque revenait l’heure où chaque clocher vibre,