Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/97

Cette page n’a pas encore été corrigée

Vêtu de fer, ganté de fer, masqué de fer,
Il arrivait, suivi de ses piquiers avides,
Et d’un geste faisait garnir les gibets vides.
Les vassaux par le fer, la corde ou le bâton
Mouraient ; les jeunes gens prenaient le hoqueton ;
Mais les vieux, tout couverts de haillons et de lèpres,
Il leur fallait aller, après l’heure des vêpres,
Mendier un pain noir aux portes du couvent ;
Et sur la grande route on rencontrait souvent
Des mendiants douteux montrant d’horribles plaies.

Les bourgeois, enterrant les sous et les monnaies,
Avaient d’abord voulu se plaindre. Ils avaient pris
Un des leurs, un de ces malcontents à fronts gris
Qui portent des rouleaux auxquels pend une cire
Et qui font la grimace en disant le mot : Sire,
Pour aller supplier l’archevêque électeur
À Trêves, en secret, et dire avec lenteur
Et sans fiel leurs griefs au très-saint patriarche.
Mais Gottlob, du prud’homme ayant su la démarche,
Envoya devant lui deux beaux mulets très-lourds
Portant ciboires d’or et chappes de velours ;
Et l’électeur, du bien de Dieu trop économe,
Reçut les dons et fit estraper le prud’homme.
Et l’on se tut.