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Le logis est glacé comme elle. Le cordeau
Semble avoir aligné les plis droits du rideau,
Que blêmit le reflet pâle d’un jour d’automne ;
Et, s’il vient un rayon de soleil, il détonne
Et sur le sol découpe un grand carré brutal.
Le lit est étriqué comme un lit d’hôpital.
L’heure marche sans bruit sous son globe de verre.
Tout est froid, triste, gris, monotone et sévère ;
Et près du crucifix penché comme un fruit mûr,
Deux béquilles d’enfant, en croix, pendent au mur.

C’est une histoire simple et très mélancolique
Que raconte l’étrange et lugubre relique :
Les baisers sur les mains froides des vieux parents ;
La bénédiction tremblante des mourants ;
Et puis deux orphelins tout seuls, le petit frère
Infirme, étiolé, qui souffre et qui se serre,
Frileux, contre le sein d’un ange aux cheveux blonds :
La grande sœur, si pâle avec ses voiles longs,
Qui, la veille, devant le linceul et le cierge,
Jurait aux parents morts, à Jésus, à la Vierge,
D’être une mère au pauvre enfant, frêle roseau ;
Ce sont les petits bras tendus hors du berceau,
La douleur apaisée un instant par un conte,
L’insomnie et la voix de l’horloge qui compte