Je sais que le massacre aux cent voix furieuses
Et que le crachement hideux des mitrailleuses
Couvriront mes cris haletants ;
Mais je t’évoquerai, France, France éternelle,
Sanglante et découvrant ta gorge maternelle,
Entre les coups des combattants !
Je sais que la terreur va régner sur la ville,
Que peut-être aux tribuns de la guerre civile
On va me désigner du doigt.
Je le sais ; mais il faut fulminer l’anathème,
Et le poète obscur qui te pleure et qui t’aime
Aura du moins fait ce qu’il doit.
Oui, nous irons d’abord où la discorde habite,
Dans le sombre palais au toit duquel palpite
Un drapeau rouge dans le ciel,
Et là tu montreras, de ton geste qui raille,
Les trois mots, flamboyants sur la vieille muraille
Comme les mots de Daniel.
Tu feras voir l’horreur de ta gorge saignée
Et tu déchireras, pauvre mère indignée !
Ce décret, cet ukase affreux,
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