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Et d’un logis bien cher a retrouvé la route.
Certes, quand il y vient lentement, il se doute
Qu’on entend de très-loin son pas sur le pavé
Et que, près du rideau faiblement soulevé,
Un regard amical le voit venir et guette.
Mais il n’a pas encore osé lever la tête
Depuis quatre ans qu’il fait tous les jours ce chemin ;
Et quand il est entré, son missel à la main,
Dans le salon étroit et suranné de celle
A qui, par vieil usage, il dit « la demoiselle »,
Toutes les fois, il feint de croire à l’air surpris
Qu’à son aspect, soudain, la douce fille a pris,
Et qui la trouble au point que sa voix en hésite
Dans son remerciment de la bonne visite.
En deuil, ayant gardé ses beaux yeux clairs et doux,
Et délicatement flattant, sur ses genoux,
Le pelage soyeux de sa chatte endormie,
Telle, chaque matin, il voit sa vieille amie
Devant laquelle il reste une grande heure assis,
Lui faisant, d’un ton bas, quelques simples récits,
Sans que jamais en eux un geste, un rien dénote
Plus qu’une affection de vieux prêtre à dévote ;
Et lorsque du sujet honnête et puéril
L’entretien a suivi tout doucement le fil,
Sans un mot qui s’émeut, sans cordiale étreinte,