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II

Au retour des Bourbons, un vieux noble émigré
Vint, ainsi que le fait un homme qui s’installe,
Louer cette maison dans sa ville natale
Railleur et n’ayant plus les antiques respects,
Il ne s’était enfui que lorsque les suspects
Furent enfin inscrits sur la fameuse liste.
Car il était resté très-ardent royaliste
Et partisan fougueux des orgueils du vieux temps.
Quand il revint avec une enfant de huit ans,
La fille de son fils, hélas ! une orpheline,
Ce fut triste. – Il était sans laquais ni berline,
Seul, à pied et portant ce fardeau sur les bras.
Mais, sceptique, il avait prévu les rois ingrats,
Et, décemment râpé, sans misère apparente,
Il vécut, dans un coin, d’une petite rente,
Écrivant, par loisir, un traité de blason.
Il avait justement choisi cette maison
Parce que, d’un côté, triste, inhospitalière,
Avec ses murs verdis et son toit noir de lierre,
Elle convenait fort à son âpre dédain,