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Placé là tout exprès pour que le pauvre y dorme,
L’ombre que sur le tout jetait l’église énorme,
La rue où le gazon verdissait les pavés,
Ces détails, plus complets qu’on ne les eût rêvés,
Me prouvaient qu’il fallait en effet que je vinsse
Pour voir cette maison dans ce coin de province.

Causant de ce logis à des voisins, j’appris
Qu’il était habité, moyennant un bas prix
Et depuis fort longtemps, par une vieille fille.
Extrêmement dévote et d’ancienne famille.
Extrêmement dévote et d’ancienne famille.
Or, étant un flâneur et passant très-souvent,
Devant cette maison au parfum de couvent,
— N’allez pas croire au moins qu’à dessein je le fisse, –
Vers midi, c’est-à-dire une heure après l’office,
Tous les jours, excepté les dimanches je vis,
A cet angle qui fait la place du parvis
Avec la vieille rue en question, paraître
Et venir lentement un grand et maigre prêtre,
En tricorne, portant son gros livre à fermoir,
Proprement recouvert d’un morceau de drap noir.
Il s’approchait, pensif, de la vieille masure,
Mais avec l’air tranquille et la démarche sûre
Qu’on a lorsqu’on se livre à des soins réguliers.
Il s’arrêtait au seuil, grattait ses lourds souliers,