O le voyage heureux que l’espérance abrège
Que lui font le ciel gris, les champs vêtus de neige,
Et, là-bas, les bois noirs où volent les corbeaux ?
Tout, les arbres, les champs, le ciel, lui semblent beaux.
Le pays est plus près, le lieu d’exil recule.
Dans un instant, sur la rougeur du crépuscule,
Ses yeux mouillés de pleurs verront se détacher
La silhouette mince et noire du clocher.
C’est le terme à présent de sa longue souffrance.
Elle va voir son fils ! – Enfin, ô délivrance !
Le train s’arrête avec ses rudes chocs de fer.
Mais pourquoi donc est-il si froid, ce soir d’hiver ?
Pourquoi le vent du nord gémit-il dans les branches ?
Pourquoi donc les fossés des mornes routes blanches,
Noirs et béants, sont-ils pleins d’une horreur sans nom ?
Pourquoi toutes ces voix qui semblent dire : Non,
Parmi ces tourbillons siffleurs de feuilles mortes ?
Pourquoi ces hurlements de gros chiens sous les portes ?
Pourquoi ce cher pays, aimé de tant d’amour,
Fait-il donc cet accueil hostile à ce retour ?
La voilà cependant au bout de son voyage.
La nuit tombe. Tout est désert dans le village.
L’église au vieux portail dans la brume apparaît ;
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