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POÈMES MODERNES


Et ce point justement où sa trace s’arrête
Est celui qu’un burin savant fit le plus noir :
C’est l’obscur rendez-vous des flots où la tempête
Creuse un inexorable et profond entonnoir.

Mais elle ne voit pas le tableau redoutable
Et feuillette, l’esprit ailleurs, du bout des doigts,
Les planches d’un herbier éparses sur la table,
Fleurs pâles qu’il cueillit aux Indes autrefois.

Jusqu’au soir sa pensée extatique et sereine
Songe au chemin qu’il fait en mer pour revenir,
Ou parfois, évoquant des jours meilleurs, égrène
Le chapelet mystique et doux du souvenir ;

Et, quand sur l’Océan la nuit met son mystère,
Calme et fermant les yeux, elle rêve du chant
Des matelots joyeux d’apercevoir la terre,
Et d’un navire d’or dans le soleil couchant.