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Qu’on prenait pour aller jouer dans le coin d’île,
Les moulins, les sentiers sous bois, toute l’idylle.

Mais l’enfance du pauvre est très courte, et depuis
N’avaient-ils pas tous deux souffert bien des ennuis ?
— Et naïve, ignorant encore la prudence,
La simple enfant livra toute sa confidence,
La première.
                       Elle dit, en termes très touchants,
Que, ne supportant pas les durs travaux des champs
Et ne voulant pas être à charge à sa famille,
Elle avait bien prévu qu’elle resterait fille,
Ses père et mère étant de pauvres villageois,
Et qu’elle était entrée alors chez des bourgeois.
Or cette vie était pour elle bien amère,
A son âge, d’avoir tous les soins d’une mère
Pour des enfants ingrats et qui ne l’aimaient pas.
Elle pleurait souvent à l’heure des repas,
Dans sa froide cuisine, auprès d’une chandelle,
Toute seule. Elle était courageuse et fidèle ;
Mais ses maîtres, gardant toujours leur air grognon,
Ne semblaient même pas la connaître de nom
Et lui donnaient celui de la servante ancienne.
Enfin la vie était dure à tous, et la sienne
Lui compterait sans doute un jour pour ses péchés.