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Où l’on allait porté par les flots pacifiques.
Je veux partir pour ces pays délicieux.
Ce ciel gris m’est fatal. Quand je ferme les yeux,
Tout prend la couleur d’or du soleil dans mes rêves ;
Et les vagues au loin murmurant sur les grèves
Me disent ― car j’entends des mots dans leurs rumeurs : ―
« Viens avec nous, et fuis ces climats où tu meurs ! »
Pères, ne tentez pas d’arrêter mon courage
Et ne me parlez pas d’écueils et de naufrage ;
Car j’ai lu quelque part, et c’était arrivé,
Que toujours un marin, un seul, s’était sauvé
A la nage, à cheval sur une vieille planche,
Et qu’il voyait bientôt poindre la voile blanche
D’un navire passant pour lui porter secours.
Moi, je serai celui qui se sauve toujours.
Si je tarde longtemps, il est bien inutile
D’avoir peur. Non. C’est que je serai dans une île
Où je m’établirai comme a fait Robinson,
En attendant qu’il passe un brick à l’horizon.
Il arrive toujours, le moment qu’on espère.
Alors, je reviendrai. Ce n’est pas vrai, ce père
Qui pleure et devient vieux, et dit : « Pauvre petit ! »
De son fils, grand garçon déjà quand il partit.
Les contes n’ont jamais une fin si fatale.
L’enfant revient toujours à la maison natale,