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Pour ses pauvres toujours du pain bis et du lait.
Et, s’il chemine un jour, heureux, lisant son livre,
Respirant les sentiers en fleurs, et qu’un homme ivre,
Qui sort du cabaret et qu’il ne connaît point,
L’appelle fainéant en lui montrant le poing,
Il faut que sans pâlir il subisse l’insulte.
Et puis ce n’est pas tout. Le serviteur du culte
A bien d’autres soucis, et l’on ne peut savoir
Combien grave et combien austère est son devoir,
Car la tentation est bien près de la faute.
Pourquoi, près de la chaire où l’on parle à voix haute,
Ce confessionnal où l’on parle tout bas ?
Il faut l’aide de Dieu pour n’y succomber pas.
Ne nous le prends donc point, Seigneur, pour ton service,
Et permets qu’à tel point il ignore le vice
Que même pour l’abattre, il y soit étranger ;
Car, tu le sais, l’agneau ne peut être berger.

— Et maintenant, monsieur le curé, reprit l’autre,
A mon tour, n’est-ce pas ? car cet enfant est nôtre,
Et je suis comme vous le père d’Angelus.
Pas de soutane, soit ! pas de sabre non plus.
Très souvent le plumet tricolore dérange
Les projets. Ces gamins ont un goût fort étrange
Pour les habits dorés tout partout sur le corps