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Et prenant sans effroi des bêtes dans sa main !

Mais non ! le jeune fils des deux vieux, au contraire,
Par aucun jeu d’enfant ne se laissait distraire.
Souvent, ouvrant ses yeux étonnés et chercheurs,
Il regardait passer les enfants des pêcheurs,
Qui, lorsque revenait la saison douce et belle,
Allaient au bois voisin, en longue ribambelle,
Cueillir des mûres ou chasser les papillons.
Il regardait passer ces gaîtés en haillons,
Qui couraient les pieds nus et d’aurore coiffées,
Et ces blouses, et ces culottes étoffées
De grands-pères, et ces cheveux blonds sans bonnet,
Leur faisait un sourire, et puis s’en revenait,
Marchant à petits pas, rêveur et solitaire,
Tout seul, dans le jardin calme du presbytère.
Quand il voyait l’enfant revenir et s’asseoir,
Son père le soldat, qui tenait l’arrosoir
Ou passait le râteau sur quelque plate-bande,
En écoutant au loin chanter la folle bande,
Grommelait, de son air affable et belliqueux :
« Voyons donc, fainéant, va jouer avec eux. »
Mais l’enfant, sans prêter l’oreille aux cris de fête,
Soupirait, secouait négligemment la tête
Et s’approchait du vieux pour lui dire : « Pourquoi ?