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Que cet enfant trouvé ne parut à ces justes,
Lorsque sur le lit blanc et pur comme un berceau
Ils l’eurent déposé dans son sommeil d’oiseau,
Et que sous le profond rideau qui se soulève
Ils le virent tous deux continuer son rêve.

« Oui-da ! dit le soldat qui tenait le rideau,
Le bon Dieu nous a fait un bien joli cadeau.
Nous voulions un enfant, c’est comme dans un conte,
Le voilà. Nous allons l’élever et, j’y compte,
Plus tard en faire un gars robuste et bien portant.
C’est entendu, monsieur le curé. Mais pourtant
Il faut aussi songer à ce qui va s’ensuivre.
Vous êtes, vous, d’abord, éduqué comme un livre :
L’enfant saura de vous tout ce qu’il faut savoir.
Moi, pour les menus soins, je me flatte d’avoir
La chose d’employer le fil et les aiguilles.
Mais, voilà : nous avons vécu loin des familles,
Loin des berceaux ; jamais on ne nous révéla
Comme on s’y prend avec ces petits êtres-là.
Leur parler, vous savez le langage des anges,
Ce n’est rien. Mais ôter et remettre leurs langes,
Les nourrir comme il faut et leur dire ces chants
Qui les font s’endormir alors qu’ils sont méchants,
Les soigner, eux toujours malades et débiles,