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II

Si le son de la cloche est triste, il l’est bien plus
L’hiver, quand vient la nuit et quand c’est l’angelus
Qui sonne lourdement au clocher du village,
Rythmé par les sanglots de la mer sur la plage.
Dans les cœurs son écho lugubre retentit :
Celle qui reste songe à celui qui partit
Sur sa barque parmi la brume et la tempête,
Et se demande, auprès du rouet qui s’arrête,
Si là-bas, dans les flots, son homme, le marin,
A comme elle entendu les coups du grave airain,
Et si, malgré la lame affreuse qui grommelle,
Il s’est bien souvenu de se signer comme elle.
Ayant sonné la cloche et dit les oraisons,
Les deux vieillards allaient regagner leurs maisons
Et se disaient adieu sur le seuil de l’église,
Quand ils virent, gisant sur une pierre grise,
Quelque chose de blanc qu’on avait laissé là ;