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Meurs donc dans ton blasphème et ton impénitence ! »
Dit-il ; et d’un seul bond franchissant la distance
Qui le sépare encor du vieillard éperdu,
Nu-tête, et laissant voir sous son crâne tondu
Ses yeux creux et brillants comme un foyer de forge,
Calme et tragique, il prend le margrave à la gorge ;
Et, malgré cette voix qui crie : À l’assassin !
Malgré ces cheveux blancs épars sur le coussin,
Il l’étrangle, en disant :

                                        « Cette fois-ci, margrave,
Meurs pour de bon. »
                                           Alors, toujours tranquille et grave,
Il ramène le drap rejeté sur le mort,
Comme fait une mère à son enfant qui dort,
Ramasse un des flambeaux renversé, le rallume,
Puis se met à genoux, ainsi qu’il a coutume
De faire quand il prie à l’ombre du saint lieu,
Joint les deux mains et dit :

                                                    « Je me confesse à Dieu. »