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J’accours pour voir s’il est joyeux et rayonnant,
Le feu qu’on entretient de graisse de manant,
Et je veux comparer les flammes et les braises.
— Gottlob, Satan aussi prépare ses fournaises.
Songe au feu qui rougeoie aux bouches des volcans ;
Marquis, songe aux damnés tordus et suffocants
Qui, perdus dans le gouffre et sous les sombres porches,
Pour une éternité brûlent comme des torches ;
Songe qu’il est un Dieu ; songe que tu mourras,
Et que tous tes gibets de leur unique bras
Te montrent le chemin de l’abîme. Margrave,
Songe qu’après ta mort, toi qui fus noble et brave
Et qui portais une hydre horrible à ton cimier,
Tu seras faible et nu comme un ver de fumier.
Alors, entraîné vers les flammes éternelles
Par les démons, saignant sous l’ongle de leurs ailes,
La corde aux mains, la fourche aux reins, les fers aux pieds,
Tu roidiras tes vieux membres estropiés,
Sans pouvoir fuir ce feu, vers lequel on te penche
Et dont l’ardeur fera flamber ta barbe blanche.

— Soit donc, reprit le vieux margrave. Je te dis,
Moine, d’aller offrir tes clés de paradis
À cette populace à chanter occupée,