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Au sac de Schepfenthal, qui s’était soulevée,
Tu tuas d’un seul coup, stupide meurtrier,
Un échevin courbé jusqu’à ton étrier ;
Puis tu le fis couper en morceaux et suspendre
Au portail du donjon, qu’alors on pouvait prendre
Pour les crochets sanglants de l’étal des tripiers.
À la chasse, une fois, tu te chauffas les pieds
Dans le ventre béant d’un braconnier. Tes lances
Faisaient autour de toi régner de noirs silences ;
Mais qui t’aurait suivi sûrement t’eût rejoint
Par le chemin sanglant que menaçaient du poing
Les laboureurs avec leurs familles en larmes.
Tu fis périr ta sœur enceinte. Tes gens d’armes
Pillaient les voyageurs jusque dans les faubourgs ;
Et tu fis promener, chevauchant à rebours
Des pourceaux, les bourgeois qui refusaient les dîmes.
J’en passe. Et quand tu meurs souillé de tous ces crimes,
Et quand le Tout-Puissant, comme surpris de voir
Ce monstre et te trouvant pour son enfer trop noir,
Te repousse du pied sur la terre et t’accorde
Le temps de lui crier enfin miséricorde,
Le ciel par ton orgueil est encore insulté !
Apprends donc maintenant toute la vérité.
Ah ! tu n’as pas assez d’un prêtre pour arbitre ?
Eh bien ! vois cette flamme incendiant ta vitre ;