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Car je vois des vassaux en pleurs, des champs en friches
Et des pendus bercés par le vent des forêts ;
Car je songe, margrave, aux éternels arrêts,
À la stricte balance où se pèsent les âmes,
Et j’entends le joyeux crépitement des flammes
Qu’attisé avec sa fourche énorme le démon. »

Le margrave éclata de rire.
                                                      « Un beau sermon,
Dit-il. Et tu conclus ?
                                                 — Que si la mort tenace
Vous épargne, c’est une effrayante menace,
Un avis du Très-Haut, et que votre cercueil
Avant longtemps aura franchi le dernier seuil,
Et que Dieu vous accorde, en son omnipotence,
Gottlob, le juste temps de faire pénitence.

— Tu le vois, dit Gottlob, j’écoute de mon mieux
Ton homélie, étant aujourd’hui très-joyeux
De n’avoir point quatre ais de chêne pour chemise.
Ne crois pas cependant qu’elle te soit permise
Davantage, et retiens que, si je le voulais,
Je te ferais chasser par deux de mes valets
Fouaillant derrière toi mes limiers pour te mordre