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d'une nouvelle assemblée generale, séance au Cap, et la ré- solution de plutôt mourir que de l'accepter. Le président, dont les ancêtres sont nés dans l’Affrique, et que l'on croit blanc parce qu’il le dit , ouvrit la séance, portant la cocarde noire, avec écharpes de la même couleur: aussi-tôt les cocardes noires deviennent a la mode, la moitié du Cap en portèrent, et tous disoient hautement que la France ne leur étoit plus rien. L’abbé-Grégoire fut pendu en effigie, et toute l’assemblée nationale fut traitée ayec le dernier mé- pris. Pendant que les blancs se portèrent à ces excès, des gens de couleur libres, dusud et de l’ouest, prirent les armes, et, après plusiers massacres, forcèrent les blancs de les assimiler à eux; non-seulement en approuvant le déçret qui ne reconnoît pour citoyens actifs, que ceux nés de pères et de mères libres ayant propriété, mais tous indistinctement, ne voulant même pas qu’il fut question des qualités requises qu’oui demande aux blancs. Dans la province du nord la conduite a été différente; se sentant plus foibles que les blancs , quelques uns d’entre eux , avec des blancs de leur parti, ont soulevé les ateliers, et dans un instant la Marmelade, le Dpndon , le haut du Cap, le quartier Mo- rin , la petite Anse , Limonade et deux autres ,c’est-à-dire huit paroisses ont été la proie des flammes. Le mot de ralliement est la liberté; on leur a fait entendre que le roi les rendoit libres trois jours de la semaine, et que les trois autres jours ils travailleroient pour leurs maîtres, moyennant 3 liv; par jour. Ils ont pris les canons et les armes des diverses paroisses incendiées. On soupçonne les Espagnols de leur faire passer des munitions, car ils sont fort bien approvi- sionnés, et tous les aristocrates répandus dans la colonie soufflent le feu. Ils ont un roi qui agit en tyan sur ses propres sujets, et se nomme François, autrefois esclave de