Et à moi une perruque qui ne fût pas pour un enfant de cinq ans.
Chut !
Qu’est-ce qu’il y a ?
Le patron vous entend.
Eh bien, Patron, qu’y-a-t-il ?
Rien. Je vous regarde. Il y a parmi vous des visages que je connais si bien, pour les avoir tant regardés, comme l’artisan connaît la matière qu’il travaille. Il y en a que je connais mal. Il y en a que je ne connais pas. Alors, je vous regarde et je pense que c’est sur vous, sur ce petit groupe d’hommes et de femmes papotant de leurs affaires, dont l’un pense à sa perruque, l’autre à son corsage, un autre au soulier qui lui blesse le pied, et plusieurs peut-être aux quelques lignes que la critique des journaux leur consacrera demain — c’est sur vous que doit descendre l’esprit du poète. C’est de vous que doit sortir cette chaleur qui ira saisir l’âme des hommes venus pour vous entendre, et la ployer aux émotions. C’est par vous que doit s’accomplir ce miracle d’une grande nation livrant à ceux qui l’aiment le secret de son génie. Et je voudrais implorer le secours d’une force que je ne connais même pas, que je suis sans doute impuissant à vous communiquer malgré tout mon amour, et qui vous ferait plus beaux, plus purs, plus harmonieux, plus vrais. Oh, mes enfants, s’il en est un