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leur sert de cible. Ce divertissement est salué par un éclat de rire général et on porte la santé de la « brave bonne femme », plus mortifiée que jamais de cet outrage inattendu.

Ragaillardie alors, je jette le tronçon de verge dont je me suis servi ; j’en prends une autre et je la brandis en criant : « À la bonne heure, voilà ce qui s’appelle une verge ; maintenant, Miss Andrey Clémentine Flaybum, voulez-vous nous demander pardon et reconnaître que c’est vous qui étiez ivre, ou je vous hache le cul ? Ah ! ah ! voilà un gros mot que vous ne nous auriez jamais permis de prononcer. Peut-être ne pensiez-vous pas que vous-même, vous aviez un cul quand vous vous amusiez à nous fesser et à nous humilier ?

Cette allocution est accompagnée, bien entendu, d’une grêle de coups, et, tandis que la verge lourde et souple trace de rouges sillons sur les fesses déjà en pitoyable état, la victime hurle à fendre l’âme. À bout de forces, se croyant sur le point de mourir, terrassée par la souffrance, elle oublie l’indignité de sa situation, son énergique résolution de ne pas s’abaisser devant ses élèves, et elle demande enfin grâce.

— Pitié ! sanglote-t-elle, ah ! ah ! grâce ! Miss Coote ! Épargnez-moi ! J’implore votre miséricorde ! Il a fallu que je sois ivre moi-même ! Pardonnez-moi et je ne dirai jamais un mot de ce qui s’est passé, je vous le jure !