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dans ma propre maison ; elle accepta avec plaisir, étant, disait-elle, excédée des accès de colère de nos institutrices. Elle consentit aussi à nous fournir les objets nécessaires, verges, cordes, et spécialement trois costumes de punition pour en affubler nos victimes.

La soirée mémorable arriva ; les conjurées avaient convenu entre elles d’irriter Miss Flaybum en abusant de son champagne, dont on faisait, en pareille occasion, grand étalage, mais qui était parcimonieusement versé. Maria faisait le service, assistée de deux autres bonnes, et, à souper, grâce à elle, la plupart de nous prirent environ trois coupes du vin pétillant, au lieu d’une comme à l’habitude. Au second verre, Miss Flaybum écarquilla déjà des yeux étonnés, mais quand elle nous vit abuser une troisième fois de ses libéralités, elle entra en fureur : « Miss Coote, Miss Deben ! s’écria-t-elle en bondissant de sa chaise, que signifie cela ! Comment osez-vous exciter ces jeunes filles à l’intempérance ; la moitié de mes élèves va être en ribotte ! Maria, enlevez immédiatement ces bouteilles, vous devez avoir perdu la tête ! »

Maria, qui avait prévu l’orage, avait réussi, l’instant d’avant, à renvoyer les deux autres bonnes et avait verrouillé la porte conduisant aux chambres des domestiques, non sans les avoir pourvues d’une bonne provision de rafraîchissements pour endormir leur attention.