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Jane et moi étant accourues à ses cris, nous la trouvâmes affreusement écorchée, surtout aux genoux, nous réprimâmes un sourire de satisfaction ; Jemima surtout avait l’air radieuse.

Mme Mansell. — Vous n’avez pas honte de me traiter ainsi ; c’est une de vous trois et je soupçonne fortement Jemima.

Jemima. — Je n’ai pu m’empêcher de sourire en vous entendant crier, madame, mais je croyais que vous n’aviez pas grand’chose.

Mme Mansell. — Effrontée, coquine, je le dirai au général.

Jemima, Jane et moi protestâmes de notre innocence, mais en vain ; il devait évidemment en cuire à l’une de nous, peut-être à toutes les trois.

La gouvernante et le général se ressentirent plus d’une semaine de cette alerte, plusieurs épines leur étant restées dans les chairs, une entre autres dans le genou de Mme Mansell. Sir Eyre dût attendre en conséquence dix jours avant de mettre l’affaire sur le tapis.

L’heure fatale sonna enfin ; nous comparûmes toutes dans la salle de punition devant le général, trônant dans son fauteuil ; ce fut comme d’habitude après le dîner, et nous étions en tenue de soir.

Sir Eyre. — Vous n’ignorez pas pourquoi je vous ai fait venir ensemble. Un outrage comme celui que nous avons subi, Mme Mansell et moi, ne peut rester impuni ; donc, si aucune