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Jemima, et nous verrons ensuite ce qu’il y aura lieu de faire.

Dans l’état d’incertitude où j’étais, je courus vers Jane pour lui confier mes angoisses ; c’était, selon elle, une heureuse circonstance que Jemima passât la première, car le vieillard serait fatigué, et, sans doute, me tiendrait quitte à bon compte, surtout si je criais et implorais grâce.

Ainsi réconfortée, je m’arrangeai pour dîner copieusement et pris un verre de vin en plus (j’étais supposée n’en prendre qu’un) puis, je me rendis à la salle des corrections, à peu près rassurée, d’autant plus que j’étais fort désireuse de voir Jemima bien fouettée.

Quand je jetai les yeux sur elle, elle faisait une révérence au général, assis dans son fauteuil, verge en main. Son apparence me frappa d’admiration. Sa taille était au-dessus de la moyenne, elle avait de beaux cheveux châtains, un teint éclatant, de grands yeux bleus très vifs, elle portait une robe de soie bleue échancrée très bas, qui révélait les trésors de sa poitrine bombée, son gros bouquet était fixé de côté, elle avait des souliers de satin rose à hauts talons avec des boucles d’argent ; son corsage était à manches courtes, mais des gants de chevreau de couleur fauve montant au-dessus du coude dissimulaient la rudesse de sa peau et la rougeur de ses mains.

— Préparez-la immédiatement, dit le géné-