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j’ai eu pitié de vous, pour la première fois. »

Affreusement meurtrie, presque inanimée, il fallut que l’on me portât dans ma chambre. J’étais victorieuse, mais quelle victoire ! Tout écorchée, toute saignante, j’avais en outre la certitude que le vieux général recommencerait à la première occasion favorable.

La pauvre Jane riait et pleurait à la fois au spectacle de mes fesses lacérées, qu’elle lavait tendrement avec de l’arnica et de l’eau fraîche ; elle semblait si accoutumée à ce travail que quand nous fûmes sur le point de nous coucher — je l’avais décidée à rester auprès de moi — je lui demandai si elle n’avait pas déjà souvent soigné des postérieurs fouettés.

— Oui, mademoiselle Rosa, répliqua-t-elle, mais vous me garderez le secret et aurez l’air de ne rien savoir. J’ai été fouettée moi-même et bien fort, quoique pas aussi cruellement que vous. Au bout d’une ou deux fois, on aime assez cela, surtout si l’on n’est pas trop durement cinglée. La prochaine fois, il faudra demander grâce de toutes vos forces, cela fait plaisir au général et apaise sa colère. Il était si épuisé de vous avoir fouettée que Mme Mansell voulait envoyer chercher le médecin, mais Jemima lui ayant dit qu’une bonne fessée lui vaudrait mieux et lui ferait descendre le sang de la tête, elles l’ont fustigé de bonne façon si bien qu’il est tout à fait revenu à lui, et a ordonné qu’on le laisse tranquille.