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vécut, nous goûtâmes secrètement, de temps à autre, les douceurs d’une passion toujours vivace.

Vous avez fréquemment voulu savoir pourquoi je ne me suis pas mariée. Deux choses m’en ont empêchée. La première, mon amour de l’indépendance et ma répulsion à être soumise à quelqu’un, quelque amour que j’eusse pu avoir pour lui. Peut-être aurais-je néanmoins passé outre à cette disposition de mon caractère, mais la seconde raison était péremptoire. Je ne pouvais donner un second pucelage, et comme je ne voulais pas aller à l’autel sans cet article indispensable aux filles qui s’enrôlent sous la bannière de l’hyménée, je me décidai à me passer définitivement de mari !

Le pauvre Charlie mourut dans toute la force de l’âge, à trente-cinq ans, et, avant de mourir, il me remit un paquet de lettres ayant trait à ses aventures amoureuses. En les lisant, je vis qu’il ne m’avait pas été très fidèle, même quand il était encore à mon service. Mais, paix à sa mémoire ! Je n’ai jamais, malgré cela, regretté de m’être donnée à lui.

Peut-être mettrai-je un jour sous vos yeux le récit de ses aventures, en attendant je termine avec cette lettre la relation de mes expériences personnelles.

Croyez-moi,

Votre affectionnée,
Rosa Belinda Coote.