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mai au verrou, bien décidée à leur laisser enfoncer la porte avant de me soumettre à cette humiliation publique, devant les deux servantes. Je me jetai sur le lit et donnai libre cours à mes larmes, pendant deux heures au moins, croyant, de minute en minute, le moment fatal arrivé. Pourtant, comme personne ne venait me déranger, je conclus que mon grand-père avait simplement voulu m’effrayer et, sur cette idée, je tombai dans un sommeil réparateur. Je ne me réveillai qu’en entendant à travers la porte la voix de Jane qui me criait : « Mademoiselle Rosa ! Mademoiselle Rosa ! vous allez être en retard pour le dîner ! »

— Je ne veux pas dîner, Jane, si je dois être punie ; allez-vous en, laissez-moi, balbutiai-je à travers la serrure.

— Oh ! mademoiselle Rosa, le général est resté au jardin tout l’après-midi, il a l’air de très bonne humeur, peut-être a-t-il tout oublié, ne le mettez pas en colère en n’étant pas prête pour le dîner, vite, laissez-moi entrer.

Alors, je tirai le verrou et me laissai habiller par elle.

— Allons, mademoiselle Rosa, souriez, n’ayez pas l’air triste, descendez comme si de rien n’était et tout sera probablement oublié, spécialement si, pour faire plaisir à votre grand-père, vous mettez à votre corsage ce joli petit bouquet, car vous ne l’avez jamais fait