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se placèrent, par un attachement d’instinct, sous la protection de la forteresse, leur chef déclarant et répétant, avec assez de vérité, que, bien qu’il fût prêt en tout temps à risquer sa vie en plaine, il avait toujours éprouvé une répugnance insurmontable à l’exposer au milieu des buissons. Content, accompagné par Ében Dudley, Reuben Ring et deux autres jeunes gens vigoureux et bien armés, quoique légèrement, quitta l’habitation et se dirigea vers la forêt. Ce petit détachement entra dans les bois par le point le plus proche, marchant avec une prudence que la nature du danger devait inspirer, et qu’une grande habitude pouvait seule diriger. La manière de faire cette recherche était aussi simple qu’elle promettait d’être efficace. Les batteurs d’estrade commencèrent un circuit autour de la partie défrichée, étendant leur ligne aussi loin qu’il était possible de le faire sans se séparer, et chacun deux portant toute son attention sur les signes qui eussent pu faire découvrir la trace et les réduits des dangereux ennemis qui, suivant toute probabilité, étaient cachés dans leur voisinage. Mais, de même que la recherche faite dans les bâtiments, pendant longtemps cette battue n’eut aucun résultat. Les colons avaient parcouru plusieurs milles, la moitié de leur tâche était remplie, et ils n’avaient trouvé aucun indice, excepté la trace des quatre étrangers et celle d’un seul cheval, le long d’un sentier conduisant à l’implantation, et par lequel était arrivé la veille l’inconnu qui avait disparu si promptement. Les valets de ferme traversèrent ce sentier presque en même temps, et ne firent aucun commentaire sur ces indices ; mais tout à coup une voix basse les appela. Ils reconnurent celle de Reuben Ring, et se réunirent auprès de lui.

— Voici d’autres traces laissées par un cheval qui s’éloignait de l’habitation, dit le valet au regard perçant ; celui qui le montait n’appartient point à la famille de Wish-ton-Wish, puisque son cheval avait des fers aux pieds, ce qui n’est jamais arrivé à aucun des nôtres.

— Nous suivrons cette piste, dit Content, qui aperçut aussitôt à des signes non équivoques qu’un animal avait traversé ce chemin quelques heures auparavant.

Leur recherche dura peu. À une faible distance de cet endroit, ils trouvèrent la carcasse d’un cheval mort ; il leur fut facile de reconnaître que l’avait été le propriétaire de ce malheureux animal. Quoique quelques bêtes féroces eussent déjà à moitié