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confédération contre les Anglais ; sa manière hardie et cruelle de faire la guerre, sa défaite et sa mort, sont trop connues pour qu’il soit nécessaire de les décrire.

Il y a aussi un intérêt romanesque dans l’obscure histoire d’un Français de cette époque. Cet homme, dit-on, était un officier d’un rang supérieur au service de son roi, et appartenait à cette classe privilégiée qui possédait exclusivement toutes les dignités et tous les émoluments du royaume de France. Les traditions, et même les annales du premier siècle de notre prise de possession de l’Amérique, associent le baron de La Gastine, avec les jésuites, qui joignaient au projet de convertir les sauvages au christianisme le désir d’établir un pouvoir plus temporel sur leurs esprits. Il est néanmoins difficile de deviner si ce furent ses goûts ou la religion, la politique ou la nécessité, qui engagèrent ce gentilhomme à quitter les salons de Paris pour les déserts du Penobscot. On sait seulement qu’il passa la plus grande partie de sa vie sur les bords de cette rivière, dans une forteresse grossièrement bâtie, et qu’on appelait alors un palais ; qu’il avait eu de plusieurs femmes une nombreuse progéniture, et qu’il possédait une grande influence sur la plupart des tribus qui habitaient dans le voisinage de sa demeure. On croit aussi que ce fut par son entremise que les sauvages qui faisaient la guerre aux Anglais se procurèrent des munitions et des armes plus offensives que celles dont ils se servaient dans les premières guerres. On ignore jusqu’à quel point il prit part au projet d’exterminer les Puritains, mais la mort l’empêcha de prendre part aux derniers efforts de Metacom.

Les Narragansetts seront souvent cités dans ces volumes. Peu d’années avant l’époque où commence cette histoire, Miantonimoh faisait une guerre cruelle à Uncas, le Pequot, ou chef mohican. La fortune favorisa le dernier, qui, assisté probablement par ses alliés civilisés, non seulement porta le désordre dans l’armée ennemie, mais parvint à s’emparer de son antagoniste. Le chef des Narragansetts perdit la vie par l’influence des blancs dans le lieu qu’on appelle encore aujourd’hui la Plaine du Sachem.

Il nous reste encore à jeter un peu de lumière sur les principaux incidents de la guerre du roi Philip. Le premier coup fut frappé dans le mois de juin 1675, un peu plus d’un demi-siècle après l’arrivée des Anglais dans la Nouvelle-Angleterre, et juste un siècle avant que le sang fût répandu dans la querelle qui