la sécurité de la plantation, allait disparaître pour ne plus revenir. Le jeune Indien conserva son calme inébranlable jusqu’au dernier moment. Cependant il s’arrêta un instant lorsque son pied toucha le seuil de la porte ; il parut regarder Ruth et ses enfants avec un intérêt passager ; puis, reprenant la dignité d’un guerrier indien, son regard devint froid et distrait ; et il suivit d’un pas léger les chasseurs, qui avaient déjà quitté les palissades.
CHAPITRE VIII.
es poètes, aidés par l’impatience naturelle à l’homme, ont fait
au printemps une réputation qu’il mérite rarement. Malgré ce que
ces écrivains d’une imagination vive ont pu nous apprendre de
son souffle balsamique, de ses zéphirs embaumés, le printemps
est presque partout la moins agréable et la plus inconstante des
saisons. C’est la jeunesse de l’année ; et, comme cette époque de
la vie, elle ne fait encore que promettre ; il y a un combat continuel
entre l’espérance et la réalité pendant cette période, qui
semble se traîner lentement et avoir un penchant irrésistible à
tromper. Tout ce qu’on dit sur ses productions précoces est exagéré,
car le sol est aussi peu capable de répandre ses généreux
tributs avant d’avoir senti l’influence vivifiante des chaleurs de
l’été, que l’homme l’est de porter des fruits précieux sans l’assistance
d’un pouvoir moral plus noble que celui qu’il possède en
vertu de ses dispositions innées ; d’un autre côté, le déclin de
l’année est rempli d’une douceur, d’un calme, d’une harmonie
qui rappellent le déclin d’une vie bien employée. C’est, dans chaque
pays et dans tous les climats, l’époque où les causes morales et
physiques s’unissent pour fournir les sources les plus riches de
jouissances. Si le printemps est la saison de l’espérance, l’automne
est la saison des fruits. Il existe assez de changements pour donner