contenait entièrement à sa merci. Dès qu’il crut pouvoir le faire sans danger, le sauvage infatigable fut de nouveau sur pied, et se traînant à terre avec l’agilité et la prudence qu’il avait toujours montrées, il se dirigea vers l’enclos où étaient renfermés les animaux domestiques.
Le premier animal qu’il rencontra fut soumis à l’examen le plus long et le plus minutieux. Le Teton passa plusieurs fois la main sur son épaisse toison et sur tous ses membres minces et délicats, avec une curiosité infatigable. La pauvre bête se laissait faire avec la patience et la docilité la plus complète, comme si un instinct secret l’avertissait que, dans ces immenses solitudes, l’homme était encore le protecteur le plus sûr qu’elle put trouver. Cependant Mahtoree finit par renoncer à sa proie, qui n’eût pu lui être d’aucune utilité dans ses expéditions hasardeuses ; mais ce fut lorsqu’il se trouva au milieu des bêtes de somme que sa joie fut extrême, et il eut de la peine à contenir les exclamations bruyantes qui étaient sur le point de s’échapper de ses lèvres. Les dangers qu’il lui avait fallu braver pour arriver jusque là furent aussitôt oubliés, et la prudente circonspection du guerrier fit place un instant aux transports immodérés du sauvage.
CHAPITRE V.
endant que le guerrier teton accomplissait avec tant d’audace
sa périlleuse entreprise, aucun bruit ne troublait la tranquillité
de la Prairie. Toute sa troupe, immobile aux différents postes
qui lui avaient été assignés, attendait, avec la patience bien connue
des sauvages, le signal qui devait lui ordonner d’agir. Aux
regards des spectateurs inquiets et soucieux qui occupaient la
petite éminence dont nous avons déjà parlé, la scène ne présentait
que l’aspect monotone d’une solitude sur laquelle les pâles
rayons de la lune, qui avait peine à percer le sein des nuages, ne