Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/376

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faire dresser les oreilles même d’un âne, produisit sur son caractère pacifique une impression extraordinaire, il est certain que l’animal fit ce qu’Obed était invité à faire, et qu’il produisit sans doute un effet beaucoup plus grand que si le naturaliste avait réuni tous les efforts de ses poumons pour se faire entendre. C’était la première fois que cet animal, dont l’espèce leur était inconnue, parlait depuis son arrivée au camp. Effrayées par un bruit aussi terrible, les furies se dispersèrent comme des vautours à qui la peur fait quitter leur proie ; mais tout en fuyant elles continuaient à pousser de grands cris, et ne paraissaient pas avoir encore renoncé complètement à leur projet.

Pendant ce temps, l’approche et l’imminence du danger avaient rétabli la circulation du sang dans les veines de Paul et de Middleton beaucoup plus efficacement que toutes leurs frictions n’avaient pu le faire. Paul était alors debout ; et il avait pris une attitude menaçante qui promettait beaucoup plus peut-être que le digne chasseur d’abeilles ne pouvait tenir. Middleton lui-même était parvenu à se soulever sur ses genoux, et il se montrait disposé à vendre chèrement sa vie. La délivrance inexplicable des captifs fut attribuée par les vieilles mégères aux sortilèges du médecin, et cette heureuse méprise ne les servit pas moins que l’intervention miraculeuse d’asinus en leur faveur.

— C’est maintenant qu’il faut nous montrer, s’écria le Trappeur en se hâtant de rejoindre ses amis, et qu’il faut faire ouvertement et bravement la guerre. Il eût été d’une bonne politique de différer le combat jusqu’à ce que le capitaine fût plus en état de nous seconder, mais maintenant que nous avons démasqué nome batterie, il faut nous maintenir de pied ferme dans la position…

Il s’interrompit tout à coup en sentant une main gigantesque sur son épaule. Près de se laisser aller à son tour aux idées de magie qu’il avait cherché lui-même à faire naître, il se retourna et vit qu’il était entre les marins d’un magicien non moins puissant et non moins dangereux qu’Ismaël Bush. Le groupe des fils du squatter, bien armés, qui débusquèrent en ce moment de derrière la tente de Mahtoree qui était toujours debout, leur fit voir tout à la fois et la manière dont ils étaient venus les surprendre par derrière, tandis que leur attention se portait si vivement sur ce qui se passait devant eux, et l’impassibilité absolue où ils étaient de se défendre.

Ismaël et ses fils ne crurent pas nécessaire d’entrer dans de