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réfléchir aux suites probables d’un conseil accompagné de cérémonies si mystérieuses.

— Vénérable venator, on chasseur, ou Trappeur, dit l’inconsolable Obed, je me réjouis grandement de vous revoir. Je crains bien que le temps précieux qui m’avait été accordé pour achever une haute et glorieuse entreprise, ne touche prématurément à sa fin, et je serais charmé de déposer mes dernières idées dans l’âme d’un homme qui, s’il n’est point parvenu à l’apogée de la science, a du moins quelques-unes de ces connaissances que la civilisation communique même au dernier de ses enfants. Sans doute il n’est point de recherches que les sociétés savantes de l’univers ne s’empressent de faire pour découvrir ce que je suis devenu, et peut-être des expéditions seront-elles envoyées dans ces contrées lointaines pour lever tous les doutes qui pourraient s’élever sur un sujet si important. Je m’estime heureux qu’un homme qui parle notre langue soit là pour faire la relation de mes derniers moments. Vous direz qu’après une vie glorieuse et honorablement remplie, je mourus martyr de la science et victime des préjugés barbares. Comme je me propose de montrer un calme parfait dans cette conjoncture critique, si vous ajoutiez quelques mots sur le courage et la gravité doctorale avec lesquels j’ai vu venir la mort, ce serait un motif d’encouragement pour ceux qui, par la suite, aspireraient aux mêmes honneurs, et assurément personne ne pourrait s’en offenser. Et à présent, ami Trappeur, pour l’acquit de ma conscience, et pour remplir l’obligation qui n’est imposée envers la nature humaine, permettez-moi de finir par vous demander si toute espérance m’a tout à fait abandonné, ou s’il existe encore quelques moyens d’arracher des griffes de l’ignorance tant de trésors de science, tant de documents précieux, pour en enrichir les pages de l’histoire naturelle.

Le vieillard prêta une oreille attentive à cet appel mélancolique, et il parut réfléchir profondément, comme s’il voulait envisager cette question importante sous ses différentes faces, avant de prendre sur lui de répondre.

— Mon avis est, ami docteur, dit-il enfin d’un ton grave, que les chances de vie et de mort, dans le cas particulier qui vous concerne, dépendent absolument de la manière dont il plaira à la Providence de manifester sa volonté, en se servant des inventions diaboliques de la malice indienne. Quant à moi, je ne vois pas qu’il y ait beaucoup de différence à ce que le grand but soit atteint de