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étaient placées à une plus grande distance, selon que tel ou tel endroit avait plu davantage au premier coup d’œil au sauvage indépendant qui l’avait construite.

L’aspect du camp n’avait rien de militaire ; rien ne le mettait à l’abri d’un coup de main, ni sa position, ni aucune espèce de barrières ou de défenses ; il était ouvert de tous les côtés, et de tous les côtés aussi accessible qu’aucune autre partie de la plaine, si l’on en excepte l’obstacle naturel, mais bien imparfait, qu’opposait la rivière. Tout annonçait que les Sioux étaient restés plus longtemps qu’ils n’en avaient eu d’abord l’intention ; mais la disposition en était telle qu’on voyait néanmoins qu’il ne faudrait qu’un instant pour que tout fût prêt pour le départ ou pour la fuite.

C’était là qu’était momentanément campé Mahtoree, qui, à la tête d’une partie de son peuple, était venu chasser sur les terres qui séparaient les demeures fixes de sa nation de celles des tribus guerrières des Pawnies. Les tentes étaient de peau ; elles étaient construites de la manière la plus simple, et s’élevaient en forme de cône ; le bouclier du maître, sa lance, son arc et son carquois étaient suspendus à un poteau placé devant la porte ou l’entrée. Les divers ustensiles de ménage à l’usage des femmes, chaque brave en ayant une ou plusieurs, suivant son plus ou moins de renom, étaient jetés négligemment sur les côtés de la tente ; et de distance en distance on voyait sortir la petite tête ronde d’un enfant du milieu de son berceau d’écorces, qui, suspendu à une courroie de peau de daim, était mollement bercé par le vent. Des enfants plus grands se roulaient les uns sur les autres, les garçons montrant même dans un si bas âge cet esprit de domination qui dans la suite devait établir une si grande distance entre les deux sexes ; dans la vallée, de jeunes adolescents s’exerçaient à dompter les coursiers sauvages de leurs pères, tandis que plus d’une jeune fille s’était dérobée à ses travaux pour venir admirer leur audace et leur courage.

Jusque là, le tableau n’offrait que le spectacle journalier d’un camp paisible et tranquille ; mais devant les tentes il y avait un rassemblement qui semblait annoncer qu’il se passait quelque chose d’un intérêt plus qu’ordinaire. Quelques-unes des femmes les plus ridées et les plus méchantes de la tribu, vraies mégères, formaient un noyau, se tenant prêtes à exciter au besoin leurs enfants de la voix et du geste à leur donner un spectacle qu’elles attendaient avec la même avidité que des êtres plus civilisés mon-