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intrépide ami le médecin, qui est un guerrier comme on en voit peu, nous sommes en nombre suffisant pour garder la rive, attendu qu’il ne s’agit pas ici d’un service actif, mais seulement de paraître faire bonne contenance.

Middleton et Paul ne virent pas la nécessité de s’épuiser à faire des remontrances contre cette proposition. Charmés de savoir que leur retraite serait protégée, même de cette manière imparfaite, ils mirent aussitôt leurs chevaux au galop, et s’élancèrent sur la route qui leur était indiquée. Vingt à trente minutes se passèrent avant que les Tetons sur la rive opposée parussent méditer quelque nouvelle entreprise. Il était facile de distinguer Mahtoree, au milieu de ses guerriers, donnant ses ordres et trahissant son désir de vengeance, en étendant le bras de temps en temps dans la direction des fugitifs ; mais il ne se faisait aucun mouvement qui semblait menacer de quelque acte d’hostilité immédiate. À la fin un cri perçant qui se fit entendre au milieu des rangs des sauvages, annonça qu’il se passait quelque chose de nouveau. En effet Ismaël et sa pesante famille parurent dans l’éloignement, et bientôt les deux troupes réunies se dirigèrent vers les bords de la rivière. Le squatter se mit à examiner la position de ses ennemis avec son sang-froid ordinaire, et, comme pour essayer la portée de son fusil, il leur envoya une balle avec tant de force que, malgré la distance, elle tomba presque au milieu d’eux.

— Pour le coup, partons vite ! s’écria Obed croyant encore entendre siffler le plomb meurtrier à ses oreilles ; voilà bien assez longtemps que nous défendons vaillamment la rive ; il y a autant de talent militaire à déployer dans la retraite que dans l’attaque.

Le vieillard jeta un regard derrière lui, et voyant que les fugitifs étaient déjà derrière la colline, il ne fit pas d’objection à cette demande. Le cheval restant fut donné au docteur, qui reçut ses instructions et qui les suivit ponctuellement ; c’était de prendre la même, route que Paul et Middleton.

Dès que le naturaliste fut monté à cheval et qu’il fut en pleine retraite, le Trappeur et le jeune Pawnie commencèrent à se retirer, mais avec tant de précaution que l’ennemi resta quelque temps indécis sur leurs mouvements. Au lieu d’aller à travers plaine pour gagner la colline, route sur laquelle ils auraient été exposés aux regards, ils prirent un sentier de traverse qui était caché par une légère élévation de terrain ; et par ce chemin plus