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cèrent auprès de lui, et lui demandèrent la cause de cette halte.

— Regardez, répondit le vieillard en leur montrant les restes mutilés et a demi consumés du corps d’un cheval étendu dans un endroit creux ; vous voyez ici le pouvoir du feu dans une Prairie. La terre est humide en cet endroit, et les herbes devaient y être plus hautes qu’ailleurs. Ce malheureux animal a été surpris comme dans son lit. Vous voyez ses os qui percent sa peau brûlée, et ses dents encores serrées les unes contre les autres. Mille hivers n’auraient pas pu le mettre dans l’état déplorable où le feu l’a réduit en une minute.

— Et tel aurait pu être notre destin, dit Middleton, si les flammes nous avaient surpris pendant notre sommeil.

— Je ne dis pas cela. Ce n’est pas qu’un homme ne puisse brûler comme de l’amadou ; mais ayant plus de raison qu’un cheval, il saurait mieux comment faire pour éviter le danger.

— Peut-être l’animal était-il déjà mort, sans quoi il aurait fui.

— Voyez-vous ces marques sur la terre humide ? elles ont été faites par des sabots ; et, aussi vrai que je suis un pécheur, voici les traces d’un mocassin ! Le maître de l’animal a fait tout ce qu’il a pu pour le sauver, mais il est dans l’instinct du cheval d’être peureux et obstiné quand il voit le feu.

— C’est un fait bien connu ; mais si l’animal avait un maître, qu’est devenu le cavalier ?

— Oui, c’est là le mystère, répondit le Trappeur en se baissant pour examiner les traces de plus près. Oui, oui, il est clair qu’il y a eu une lutte entre eux. Le maître n’a rien négligé pour sauver sa monture, et il aurait mieux réussi, si les flammes eussent été moins avides.

— Écoutez, vieux Trappeur, dit Paul en lui montrant à quelque distance un endroit où le sol était plus sec, et où, par conséquent, les herbes ne pouvaient avoir une crue aussi vigoureuse ; parlez de deux chevaux, car en voilà là-bas un autre.

— Le jeune homme a raison. Est-il possible que les Tetons se soient laissés prendre dans leur propre piège ! cela n’est pas sans exemple, et c’est une leçon pour ceux qui veulent le mal des autres. Mais regardez bien ici, voilà du fer : il y avait quelque invention des blancs dans les harnais de cet animal. Oui, il faut que cela soit. Quelques-uns des coquins auront couru dans la Prairie après que leurs amis y avaient mis le feu, et vous en voyez les conséquences. Ils ont perdu leurs montures, et ils sont bien heu-