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CHAPITRE XXIII.


Sauvez-vous, Monsieur.
Shakspeare



Le sommeil des fugitifs dura quelques heures. Le Trappeur fut le premier à en secouer l’influence, comme il avait été le dernier à en rechercher les douceurs. S’étant levé à l’instant où la lumière pâle du jour naissant commençait à éclairer cette partie du firmament étoilé qui couvrait les limites de cette vaste plaine du côté de l’orient, il interrompit le repos dont jouissaient encore ses compagnons, pour leur faire sentir la nécessité de se remettre en marche sans délai. Pendant que Middleton faisait tous les préparatifs nécessaires pour qu’Inez et Hélène pussent faire le plus commodément possible le long et pénible voyage qu’ils allaient commencer, le vieillard et Paul s’occupèrent à préparer le déjeuner, dont le premier avait conseillé à ses compagnons de se munir avant de monter à cheval. Toutes ces dispositions ne prirent pas beaucoup de temps, et le petit groupe fut bientôt assis autour d’un repas qui, quoique moins somptueux que ceux auxquels l’épouse de Middleton avait été accoutumée, était aussi nourrissant que savoureux, ce qui était plus important.

— Quand nous arriverons plus bas dans les plaines où chassent les Pawnies, dit le Trappeur en plaçant devant Inez une tranche délicate de venaisons sur une petite assiette de corne, qu’il avait faite pour lui-même, nous trouverons les buffles plus gras et plus succulents, les daims en plus grande abondance, et tous les dons du Seigneur préparés pour satisfaire nos besoins. Peut-être même pourrons-nous tuer un castor, et sa queue nous offrira un morceau friand[1].

— Quel chemin vous proposez-vous de suivre, demanda Middleton, quand vous aurez dépisté ces limiers altérés de sang ?

— S’il m’était permis de donner mon avis, s’écria Paul, je conseillerais de voyager par eau, et d’en suivre le courant le plus promptement possible. Trouvez-moi un bois de cotonniers, et en

  1. Les chasseurs américains regardent la queue du castor comme le mets le plus nourrissant.