recevons avec reconnaissance ce qu’il a plu au Seigneur de nous donner.
— Vénérable chasseur, répondit le docteur, car c’était le naturaliste en personne, qui, dans une de ses excursions journalières, s’était chargé de ce côté, je me réjouis infiniment de cette heureuse rencontre ; nous avons la même ardeur pour la science et nous devons être amis.
— Parbleu ! s’écria le vieillard en riant à la barbe même du philosophe, sans beaucoup d’égard pour les règles du décorum ; c’est l’homme qui voulait me faire croire me faire croire qu’un nom peut changer la nature d’un animal ! Allons, ami, vous êtes le bien-venu quoique vos idées soient un peu brouillées, parce que vous avez lu trop de livres. Asseyez-vous, et lorsque vous aurez goûté de ce morceau, vous me direz, si vous le pouvez, le nom de la bête qui nous a fourni sa chair pour faire ce repas délicieux.
Les yeux du docteur Battius, car nous croyons dans les convenances de donner à ce digne homme le nom qui le flattait le plus ; les yeux du docteur Battius témoignèrent assez la satisfaction que cette proposition lui faisait éprouver. L’air vif et piquant, l’exercice qu’il avait fait, avaient été d’excellents stimulants, et C’est tout au plus si Paul lui-même avait été en meilleures dispositions pour faire honneur à la cuisine du Trappeur, que ne l’était l’amant de la nature, lorsque l’agréable invitation vint frapper son oreille. Le plaisir qu’il éprouva se manifesta par un léger sourire que sa gravité ordinaire ne put réprimer, et, sans plus de cérémonie, il prit place à côté du vieillard, et se mit en devoir de commencer son repas.
— Ce serait une honte pour mon art, dit-il en savourant un morceau de la bosse, tandis qu’il s’efforçait en même temps de distinguer à quelque marque particulière la peau de l’animal, défigurée par la cuisson ; ce serait une véritable honte pour mon art, s’il y avait sur le continent d’Amérique un animal ou un oiseau que je ne pusse reconnaître à quelqu’un de ces signes caractéristiques que la science a si admirablement définis. Celui-ci… voyons un peu. La chair est nutritive et savoureuse ; une bouchée de votre maïs, mon jeune ami, s’il vous plaît.
Paul, qui continuait à manger avec un redoublement d’appétit, lui jeta sa besace, sans penser qu’il fût nécessaire de suspendre ses opérations pour lui répondre.
— Eh bien ! dit le Trappeur attentif, vous prétendez tout à