CHAPITRE PREMIER.
n a beaucoup parlé et beaucoup écrit dans les temps sur la
question de savoir s’il était politique de réunir les vastes contrées
de la Louisiane au territoire déjà immense, et seulement à demi
habité, des États-Unis ; cependant, quand la chaleur de la discussion
se fut un peu calmée, et que les motifs d’intérêt personnel
eurent fait place à des idées plus libérales, on commença généralement
à convenir de la sagesse de la mesure. Il devint bientôt
évident, même pour le cerveau le plus étroit, que, tandis que la
nature avait arrêté à l’ouest notre population par une barrière de
déserts, cette mesure nous avait rendus maîtres d’une ceinture de
contrées fertiles, qui, dans les révolutions journalières, auraient
pu devenir la possession d’une nation rivale. Elle nous donnait
exclusivement la clé d’un grand commerce intérieur, et mettait
entièrement sous notre dépendance les féroces tribus de sauvages
qui habitent le long de nos frontières. Elle conciliait des intérêts
opposés, et calmait des méfiances nationales ; elle ouvrait mille