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Benjamin alla reprendre ses fonctions dans la grande maison, et Bumppo retourna dans les bois.

Hiram Doolittle ne tarda pas à s’apercevoir que ses connaissances en architecture et en jurisprudence ne marchaient pas de niveau avec les progrès que faisait chaque jour l’établissement formé à Templeton. Il prit donc le parti de s’avancer vers l’ouest, où l’on commençait à en fonder de nouveaux, et l’on y trouve encore aujourd’hui, dans plusieurs bâtiments d’ordre composite, des vestiges de la science de cet homme célèbre.

Jotham Ridel, à qui sa folie coûta la vie, reconnut avant de mourir que sa raison pour croire à l’existence d’une mine dans l’endroit où il avait creusé la terre, était l’assurance que lui avait donnée une sibylle qui prétendait avoir le talent de les découvrir par le moyen d’un miroir magique. De telles superstitions ne sont pas rares dans les nouveaux établissements, et cette mine, qui avait fait pendant quelques jours le sujet de toutes les conversations, ne tarda pas à être oubliée. Mais en même temps que cet aveu écarta de l’esprit de Richard Jones quelques doutes qui lui restaient encore sur les occupations des trois chasseurs, il fut pour lui une leçon mortifiante qui fut favorable au repos de son cousin Marmaduke ; car, depuis cette époque, quand le shérif voulait lui proposer quelques nouveaux projets fondés sur des visions, le seul mot mine, prononcé par M. Temple, était un talisman qui les faisait évanouir.

M. Le Quoi trouva l’île de la Martinique et sa sucrerie en possession des Anglais ; mais il retrouva dans sa patrie son père, sa mère, ses amis, et tous ses moyens d’existence, et M. Temple eut la satisfaction de recevoir de lui régulièrement deux fois par an une lettre où il lui, peignait le bonheur dont il jouissait dans sa chère France, et la reconnaissance qu’il conservait pour les amis qui l’avaient si bien accueilli en Amérique.

Après ce peu de détails indispensables, nous allons reprendre le fil de notre histoire. Que nos lecteurs américains se figurent une de nos plus belles matinées d’octobre où le soleil paraît une sphère de feu argentée, où l’on trouve à l’air qu’on respire une élasticité qui répand la vie et la vigueur dans tout le corps, où le temps n’est ni trop chaud ni trop froid, mais offre cette heureuse température qui fait circuler le sang plus rapidement, sans occasionner la lassitude qu’on éprouve pendant le printemps.