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nécessité d’arrêter des gens qui pouvaient être si dangereux à la tranquillité publique.

Tandis que tous les esprits étaient ainsi dans une sorte de fermentation, un autre bruit dont personne ne connaissait l’origine, mais qui se propagea avec autant de rapidité que le feu l’avait fait la veille, accusa Edwards et Bas-de-Cuir d’avoir allumé volontairement l’incendie. Le fait était pourtant, comme on l’apprit dans la suite, qu’il avait été occasionné par l’imprudence d’un des hommes qui avaient poursuivi dans le bois Natty et Benjamin, après leur fuite de prison. Cet homme avait jeté dans les broussailles une torche de pin mal éteinte, qui, ayant entretenu un feu lent pendant quelques heures, avait pris ensuite cette activité dont nous avons décrit les terribles effets. Quoiqu’il en soit, il s’éleva dans tout le village un cri général contre les prétendus coupables ; Richard n’y fut pas sourd, et il résolut de recourir à la force pour s’emparer des fugitifs.

Le shérif se rendit à midi à l’auberge du Hardi-Dragon, et requit Hollister, capitaine de l’infanterie légère de Templeton, de mettre sur-le-champ sous les armes la force armée du comté pour donner appui et secours aux lois du pays. L’espace nous manque pour reproduire ici les deux discours prononcés en cette occasion ; mais on les trouve encore dans les colonnes du journal de l’époque, et l’on dit que ces deux harangues font honneur aux connaissances judiciaires de l’un des orateurs comme aux talents militaires de l’autre.

Tout était prêt d’avance, et le tambour, en habit rouge, faisait encore retentir les échos de son roulement, que vingt-cinq volontaires parurent sous le drapeau et se mirent d’eux-mêmes en bataille.

Comme ce corps était composé de volontaires, et commandé par un homme qui avait passé vingt-cinq ans de sa vie dans les camps et les garnisons, c’était pour le pays l’appareil le plus brillant de la guerre. Aussi les bourgeois judicieux de Templeton le proclamèrent-ils égal aux meilleures troupes du monde. Sous le rapport physique, ces volontaires étaient encore, disaient-ils, bien supérieurs. Cette opinion ne trouvait que trois voix et une opinion contraire. L’opinion appartenait à Marmaduke, qui cependant ne croyait pas nécessaire de la faire connaître : quant aux voix, l’une, et la plus forte peut-être, venait de l’épouse du